La mort de Chatterton

Procris Dim 1 Mar - 21:08

J’ai découvert ce tableau si émouvant, lors de l’exposition Mélancolie au Grand Palais en 2005. Cette exposition fut extraordinaire sur trois points :

- par le thème abordé celui de la mélancolie en art, terme assez complexe qu’il faut manipuler avec des pincettes au risque de sur-interpréter nombre d’œuvres au nom de l’inconscient mélancolique du peintre (qui va de paire avec le génie)

- par la multiplicité des œuvres exposées : de l’Antiquité à nos jours et de la sculpture, peinture, en passant par les arts décoratifs et autres objets d’art à même d’éclairer cette notion problématique

- Et par la qualité des documents qui on été publiés en son nom; le catalogue sous la direction d’Yves Hersant qui récapitule d’une manière très précise les grandes phases de l’expo. (Panofsky, avec Saturne et la mélancolie ouvrage de base sur le sujet, publié en 1989 il me semble)

Parmi les nombreuses œuvres mondialement connues qui furent exposées, telle la gravure Melancolia 1 de Dürer, se trouvait ce petit tableau d’Henry Wallis, daté de 1856 (date de sa présentation à l’Académie Royale de Peinture) et se trouvant à la Tate de Londres : La mort de Chatterton. Il reflète exactement l’esprit de l’artiste mélancolique : dont le travail acharné n’est jamais reconnu de son vivant et qui finit par se donner la mort. Il est vrai que pour ce jeune homme il est un peu tôt, en effet il a seulement 17 ans lorsque qu’il s’empoisonne à l’arsenic dans sa chambre d’hôtel. Ce chef d’œuvre nous montre ce jeune garçon abandonné dans sa mansarde, dont la beauté et la grâce sont pour l’éternité figées dans la mort, par laquelle il retrouve la paix au milieu de ses poèmes torturés, qui sont en lambeaux au pied de son lit. La pose évoque ainsi un Christ mis au tombeau, ses vêtements son linceul et l’aube qui pointe à travers la fenêtre entrouverte….